dimanche 24 août 2014

cet été j'ai relu l'Etranger

Je faisais un peu de place dans le grenier de mes parents, -  ranger, empaqueter, jeter, donner: des journaux, les vieilles assiettes, les porte savons, le rouet, les lampes chinoises - pour y stocker d'autres vieilles choses plus récentes (!): la baignoire en plastique , les ours en peluche (portés à la déchetterie puis finalement rapportés à la maison), les chaises hautes, les cours de fac...  J'étais dans ce grenier donc, quand je suis tombée sur mes bulletins de notes de lycée, mes livres de philo, et un vieil exemplaire de "l'Etranger" de Camus. C'est comme ça que je l'ai relu.

Je me suis assise dans la poussière, sur le tapis râpé et j'ai commencé:"Aujourd'hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas." 
La phrase assassine...

Meursault ne réagit pas selon la bienséance, il n'a que faire de ce qu'on attend de lui, il fume avec le concierge devant le cercueil fermé de sa mère. Pas de larmes. On le croit insensible, on le sent à la marge. 

Et ainsi rien ne trouve sens, ni ses relations avec Raymond :
"Je n'ai rien dit et il m'a demandé encore si je voulais être son copain. J'ai dit que ça m'était égal: il a eu l'air content."
 ni celles avec Marie:
"Pourquoi m'épouser alors?" a-t-elle dit. Je lui ai expliqué que cela n'avait aucune importance et que si elle le désirait, nous pouvions nous marier. D'ailleurs c'était elle qui le demandait et moi je me contentais de dire oui"
Raymond le souteneur, cogne son amie et justifie sa violence en racontant qu'elle "l'a trompé". 
Salamano frappe son vieux chien galeux parce qu'il ne peut imaginer une autre forme de lien :"Salaud! Charogne!" 

Meursault sur la plage, abruti de chaleur,tire et tue un Algérien. Et la seule explication semble être le soleil aveuglant, l'éclat de la lame de couteau, la sueur épaisse...

"Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j’ai touché le ventre poli de la crosse et c’est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant que tout a commencé."
Lors de son procès il ne dira que la stricte vérité. Mais la vérité est absurde. La mort est absurde. 
La vie n'a pas de sens, pas de raison, rien ne l'explique, pourquoi est-on là? pourquoi meurt-on?  Sans que rien ne justifie, ne donne sens à notre existence .
 Alors, mourir d'un coup de revolver, d'une exécution capitale ou d'un accident de voiture...

" mourir à trente ans ou à soixante-dix importe peu, puisque naturellement dans les deux cas, d'autres hommes et d'autres femmes vivront, et cela pendant des millions d'années. Rien n'était plus clair en somme. C'était toujours moi qui mourrais que ce soit maintenant ou dans vingt ans."
L'absurde comme point d'appui...


Je retournerai dans le grenier, j'ai rendez-vous avec Camus!




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