D’Anne B. RAGDE , écrivaine norvégienne, nous connaissons la trilogie des Neshov(La Terre des mensonges, La Ferme des
Neshov et L'Héritage
impossible). Ces trois frères, que tout
sépare, se retrouvent au chevet de leur mère agonisante. Tor, Margido et Erlend
vont peu à peu découvrir un terrible secret qui leur sera révélé par celui
qu'ils ont toujours considéré comme leur grand-père. Les certitudes s’estompent,
les conflits surgissent et l’héritage de la ferme d’Anna est au cœur du problème :
à qui doit-elle revenir ?
Dans
la tour d’Arsenic, c’est également au moment de la mort de la grand-mère de la première
narratrice, que débute l’histoire et inévitablement il sera aussi question d’héritage,
même si tous les objets ont été
soigneusement étiquetés au prénom de leur futur propriétaire. La mort, l’héritage comme révélateurs des
conflits familiaux larvés est un thème riche qui semble « titiller » Anne
B. Ragde. D’ailleurs ce livre est une quasi biographie, elle s’est largement
inspirée de sa propre vie et donc de sa mère, pour qui la lecture de ce livre n’a
pas dû être facile !!!
A l’annonce de la mort de Malie, sa
fille Ruby éclate de rire, un rire sonore, tonitruant, libérateur… Dès lors
nous savons que ce livre sera plein de haine, de règlements de compte, de
non-dits, de rancœur, … tout ce qui fait macérer cette famille depuis des
décennies dans l’incompréhension la plus totale.
Malie-Thalia voulait être comédienne, sera chanteuse de
cabaret et devra renoncer au rôle titre de l’ange bleu parce qu’elle est
enceinte. Elle donnera naissance à Ruby , que jamais elle ne pourra aimer.
Cette impossibilité d’amour rejaillira sur sa filiation comme un héritage
empoisonné. De fille en femme de mère en fille… la blessure est trop profonde.
Anne B Ragde sait nous parler des femmes : les fortes, les
déterminées, les résistantes, les malmenées aussi… comme dans sa trilogie. Les
hommes sont plus pâlots, mais on s’attache tout de même au grand-père qui n’a
pas su protéger sa fille Ruby de la violence de sa mère, mais qui aime sa femme
d’un amour inconditionnel et se réfugie dans la peinture sur porcelaine,
exclusivement bleue, ce cobalt des fours à arsenic… d’où le titre.
« Le vent était chargé de neige et soufflait avec force. La mer était grise, une bourrasque de neige à l’horizon gommait la transition entre l’eau et le ciel. Des paquets d’écume se détachaient des vagues et volaient comme des oiseaux. Les oyats étaient couchés à terre. Les toits de chaume pinçaient les maisons, les murs de pierre détrempés, noirs et raboteux, retenaient les granges. »
L’histoire est dure et rude…4 petites lettres qui conviennent très bien à ce roman quel que soit leur ordre !